Municipales à Metz : faut-il faire confiance aux sondages ?

Le sondage sur les intentions de vote aux municipales à Metz, commandé par Le Républicain Lorrain et ViàMirabelle et réalisé par L’IFOP, a fait grand bruit dans le « lander-metz » lors de sa publication, le 6 février dernier. Bien loin d’être le point d’arrivée de ce que pourrait être l’élection au soir du deuxième tour, il faut plutôt y voir le véritable point de départ d’une campagne qui manque singulièrement de souffle et de relief, à part les quelques petites boules puantes lancées çà et là. Douche froide pour certains, satisfécits pour d’autres, ce sondage a néanmoins fait l’impasse sur deux points importants qui pourraient bien altérer les résultats et les commentaires qu’on en a fait.

 

À Metz, traditionnellement les taux d’abstention, pour les municipales, y sont 15% plus importants que la moyenne nationale. On peut retenir qu’un messin sur deux inscrits ne vote pas, avec un léger sursaut pour le deuxième tour. Quand on sait que Dominique Gros a été élu en 2014, au deuxième tour, avec 700 voix d’avance (sur 71.987 inscrits et 38.179 votants), une mobilisation plus forte de l’électorat pourrait bien changer la donne. En effet, le désamour profond d’une part importante des français pour les politiques pourrait être atténué avec l’arrivée des nouvelles générations de futurs élus. Et en particulier si ceux-ci ont de vraies convictions et un vrai programme écologique, la mobilisation pourrait y être plus forte, notamment auprès des plus jeunes électeurs. La préoccupation écologique est une réalité forte et aujourd’hui bien ancrée, elle pourrait mobiliser d’avantage l’électorat et profiter à ces nouveaux prétendants qui l’incarnent.

 

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François Grosdidier recueillerait 29% des suffrages au premier tour, selon le sondage réalisé par L’IFOP.

Outre l’absence de la prise en compte de cette spécificité messine qui manque cruellement à l’analyse, ce sondage qui se voulait « matriciel » a aussi « oublié » d’envisager l’hypothèse d’une alliance au second tour entre le candidat LREM avec celui du mouvement UNIS, qui rassemble toutes les forces de gauche. Et dans ce cas, le candidat LR donné vainqueur ne le serait plus. Et c’est là que le sondage montre sa deuxième faiblesse. L’IFOP, ayant envisagé cette hypothèse, l’a mesuré de son propre chef, mais n’en a pas communiqué les résultats aux commanditaires de l’étude… Quel dommage ! Ces résultats ayant fuité, il n’aura pas fallu longtemps pour que les réseaux sociaux s’enflamment une fois de plus et accusent les deux médias « de rouler » pour le candidat LR et d’en faire déjà le futur maire de Metz. On ne saurait reprocher à ces deux médias de l’avoir fait sciemment, a minima d’avoir été négligents. Ce qui a obligé ces deux médias de se fendre d’un communiqué d’explications. Et même si cette hypothèse de fusion est loin d’être stupide, la tête de liste LREM ayant été socialiste il n’y a pas si longtemps, elle a été totalement écartée par le mouvement UNIS, qui a dû s’exprimer sur le sujet. Mais à ce stade de la campagne on ne pouvait s’attendre à autre chose.

 

Au fond, ce que nous enseigne cet épisode de la campagne : c’est qu’il faut rester d’une prudence extrême avec les sondages – combien de fois se sont-ils trompés ? – et que leurs formulations et interprétations peuvent y fausser le jeu. De simples témoins, ils peuvent devenir les acteurs d’une situation et les influer. Jean-Paul Sartre écrivait, après mai 68, dans la revue Les Temps Modernes : « élections, piège à cons », mais c’était à une époque où les sondages n’avaient pas la place qu’ils occupent aujourd’hui…

 

Par Caton