Kid Francescoli : « J’ai beaucoup appris aux côtés de la Fonky Family »

De passage aux Trinitaires le jeudi 29 mars prochain, Mathieu Hocine alias Kid Francescoli s’est taillé depuis quelques années une solide réputation sur la scène électro-pop française et internationale. Rencontre avec un amoureux du beat, et bien sûr de l’OM, comme tout Marseillais qui se respecte.

 

Mathieu, vous êtes né à Paris et avez grandi à Marseille, votre nom de scène rend d’ailleurs hommage à Enzo Francescoli ancien joueur de l’OM. À quel moment s’est produit le coup de foudre ?

Il n’a joué qu’une année à Marseille, lors de la saison 1989-90, donc c’était forcément à ce moment-là. Mais ce n’était pas ma seule idole puisqu’à cette époque-là on avait des joueurs comme JPP, Chris Waddle, Pelé, Moser, Boli, c’était des supers joueurs. Francescoli avait un truc en plus, j’étais assez jeune mais il avait quelque chose qui me fascinait dans sa façon de jouer.

 

Le choix de votre nom de scène était alors tout trouvé…

J’étais dans plusieurs groupes à l’époque, et je voulais un nom avec une consonance sportive et aussi sudiste. Je ne voulais pas faire « le faux anglais » genre m’appeler The Strokes alors que je viens de Marseille. D’où le Francescoli. Je trouvais que ça sonnait plutôt bien. Dès que j’ai commencé à composer seul, je me suis dit que c’était un bon nom de scène. Je voulais rajouter le « Kid » pour qu’on comprenne que c’était un projet à part et pas un groupe.

 

Toujours fan de l’OM, c’est un virus qui ne vous quitte pas ?

Oui toujours. Je t’avoue que là c’est un peu compliqué, la défaite contre Lyon à domicile a fait très, très mal. Surtout qu’on était vraiment sur une bonne lancée…

 

On ne reviendra pas non plus sur le comportement de certains lyonnais, et de cette rixe en fin de match…

J’ai l’impression que c’est un peu le style de l’équipe, je ne la porte pas vraiment dans mon cœur. J’ai rien contre le peuple lyonnais mais maintenant l’OL est devenu notre vrai rival, je pense que pour tout le monde à Marseille ce n’est plus trop le PSG. De leur façon d’être sur le terrain à leur jeu, jusqu’aux tweets de leur community manager, il n’y a rien que j’aime (rires). Et celui qui cristallise un peu tout ça, c’est Anthony Lopes. Après je sépare la musique de tout ça, un de mes meilleurs souvenirs de la tournée actuelle c’était à Lyon donc il n’y a pas de corrélation entre les deux, bien au contraire.

 

Reparlons musique, Marseille est plutôt connue pour sa scène hip-hop et rap, est-ce que pour vous c’est une fierté d’avoir su faire connaître la cité phocéenne sous d’autres latitudes musicales ?

En fait Marseille connue pour sa scène hip-hop, rap ou reggae c’est un concept qui date un peu. Maintenant il y a beaucoup de groupes, que ce soit tous les amis de studio, que sont Nasser, Oh ! Tiger Mountain, Date with Elvis etc, c’est des groupes qui font qu’il y a autre chose qui sort de Marseille. Il y a beaucoup de clubs avec de l’électro très pointue, il y a des salles qui font jouer beaucoup de groupes de rock expérimental genre « garage ». En étant marseillais, je sens pas du tout une hégémonie du rap ou du hip-hop. Mais à l’époque ça m’a servi parce que j’étais stagiaire au studio où enregistrait la Fonky Family et j’ai beaucoup appris à leurs côtés. C’est très important qu’il y ai eu et qu’il y ai toujours le rap à Marseille. Après la fierté oui c’est vrai que c’est cool, même à l’étranger, c’est quelque chose que je revendique de venir de Marseille. C’est connu partout et ça provoque toujours une réaction dans la salle quand je dis que je suis de Marseille.

 

Quel genre de réaction ?

En France c’est du chambrage gentillet, ce n’est jamais tendu mais entre le public et le groupe sur scène, de suite il se crée quelque chose. J’ai jamais de problème avec ça au contraire, c’est toujours sympa de créer un échange avec le public et qu’on puisse blaguer autour de ça.

 

Au niveau de vos influences musicales, j’ai vu que vous évoquiez souvent Ennio Morricone, à quel point il est important pour vous ?

C’est un des plus importants pour moi car il a été un des premiers à m’influencer quand j’ai commencé à faire de la musique. Il y avait Air, Grandaddy, Ratatat, Ennio Morricone, c’était à peu près ça. Encore en ce moment quand je compose ça revient toujours comme un réflexe en fait. Je ne sais pas si c’est bon ou mauvais mais c’est une influence qui sera toujours là pour moi.

 

À propos de votre collaboration avec Julie Minkin, qui est votre ex-compagne mais qui vous accompagne toujours musicalement, comment c’est possible après une séparation de travailler avec son « ex », c’est quelque chose d’assez rare. Comment vous l’expliquez ?

C’est justement parce que c’est rare que ça m’intéressait. Tout le monde me disait « ne fait pas ça, ça va être la merde », et c’est vrai qu’à certains moment c’était compliqué. Mais j’aime le côté unique de la situation. On s’est séparés mais on s’est retrouvés grâce à la musique, surtout que les morceaux qu’on a fait ensemble avant notre séparation, je n’avais pas envie de les jeter à la poubelle. Quand j’entends la réaction des gens sur Does She par exemple, je me dis qu’on a bien fait, ça aurait été du gâchis sinon.

 

Content de retrouver Metz ?

Oui je suis ravi de revenir aux Trinitaires, dans cette chapelle où j’ai un super souvenir de mon passage il y a deux ans. C’est un super lieu. En plus, on joue avec Kazy Lambist, on a le même tourneur et c’est un groupe que j’aime beaucoup.

 

Propos recueillis par Thibaut Goetz