La mobilisation des surveillants de prison continue

Quatrième jour de mobilisation dans les prisons où les gardiens pénitentiaires réclament plus de sécurité après la multiplication des agressions à leur encontre. Rencontre avec une surveillante de la maison d’arrêt de Metz-Queuleu.

 

L’agression de trois d’entre eux par un détenu radicalisé de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour les surveillants pénitentiaires. La situation commence à devenir très tendue dans certaines prisons, comme dans le plus grand centre pénitentiaire d’Europe à Fleury-Mérogis (Essonne). 123 détenus ont refusé en début d’après-midi de rejoindre leur cellule, pour protester contre le blocage de la centrale, avant que les choses ne rentrent dans l’ordre.

 

Les surveillants de la prison de Metz-Queuleu ne sont pas en reste. Ce matin encore, une trentaine de personnes bloquaient l’accès des lieux, syndicats en tête. Avec quelques palettes et du plastique, l’incendie allumé par les surveillants de la prison dégageait une épaisse fumée noire, aussi noir que l’état actuel de leur moral. Insultes, crachats, violences, leurs conditions de travail n’ont de cesse de se dégrader comme l’explique Christelle, surveillante et adhérente au syndicat UFAP : « Ici à Metz, trois surveillants ont été agressés récemment. J’ai commencé ce métier il y a treize ans et ça m’est déjà arrivé 4 fois de me faire agresser, mais avant on n’avait pas cette peur d’aller travailler. Maintenant les insultes et les menaces sont quotidiennes. On demande juste à faire correctement notre travail, mais ce qu’on fait actuellement, c’est de la survie. On n’a même plus l’autorisation de faire des fouilles inopinées… ».

 

« Ils nous disent qu’ils sont au Club Med’ »

 

Dans les plaintes des surveillants, l’impression que le détenu est plus valorisé que le surveillant revient souvent : « L’administration se préoccupe plus des détenus que de nous. On travaille avec des tenues qui ne sont même pas adaptées pour nous les femmes, nous avons les mêmes que nos collègues masculins. Et pendant ce temps on parle d’installer des téléphones en cellule, mais ça c’est une connerie, ils l’ont déjà ! Au moins deux détenus sur trois ont déjà un téléphone portable ».

 

Face à l’absence de réponse concrète du ministère de la Justice, le mouvement pourrait encore se durcir demain : « Aujourd’hui on a laissé passer les parloirs, un médecin et une infirmière mais personne d’autre. Demain le blocage sera total si aucune réponse à nos revendications n’est apportée ». La colère des surveillants qui paraissait s’essouffler mercredi, risque donc bien de continuer.

 

Thibaut Goetz

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