« Ralph 2.0 », disponible en blu-ray

Scénario inexistant, vaste campagne publicitaire à la gloire de Disney… Massacré par une partie de la presse et du public, « Ralph 2.0 » est pourtant loin de la catastrophe annoncée. Profitons de la sortie blu-ray (depuis le 21 juin) pour se replonger dans cette suite plus qu’honorable.

 

En 2013, Les Mondes de Ralph fut une excellente surprise. Cette plongée dans les jeux d’arcade, ponctuée de références geek du milieu videoludique surprenait par ses graphismes somptueux, son doux parfum nostalgique et surtout des personnages principaux attachants : Ralph la Casse, cherchant à casser son image de méchant et devenir un héros, et Vanellope Van Schweetz, une erreur de programme rejetée de tous !

 

Comme toute bonne suite, afin d’éviter les pièges de la prévisibilité et de la redite, Raph 2.0 prend un chemin inverse, s’éloignant du rétro gaming et s’attaquant à un monde beaucoup, beaucoup plus vaste : Internet. Rien que ça ! Propulsés par erreur grâce au wifi, nos deux héros vont découvrir un univers qu’ils ne maitrisent pas, à l’heure où les nouvelles technologies et autres réseaux alimentent désormais notre quotidien. Et gage au film de dérouler le principal reproche qu’on lui fait : l’accumulation de clichés publicitaires. Pendant près de 30 min, c’est à un véritable festival de placements publicitaires que s’adonnent les réalisateurs Rich Moore et Phil Johnson, en faisant défiler les entreprises les plus célèbres en confrontation avec Ralph. Ainsi s’enchaînent les apparitions d’Ebay, Youtube, et autres Facebook et Twitter… dont la représentation graphique a de quoi faire sourire, certes, mais qui finalement ne sont que des prétextes au développement du scénario. Scénario d’ailleurs plus faible que le premier opus. Si la quête d’identité est toujours au centre du sujet, l’effet de surprise passé du premier opus et le manque d’originalité font défaut ici, le tout semblant tendre à un opportunisme mercantiliste assez navrant permettant à Disney d’étendre encore plus son hégémonie vis-à-vis du public (surtout envers nos chères têtes blondes). Le point de non-retour étant sans doute la résurgence de ses plus célèbres icônes, des plus anciennes (les princesses Disney d’antan) aux nouvelles (la saga Star Wars).

 

Pour autant, n’est-ce pas là un prétexte plutôt maladroit et gratuit à cracher une nouvelle fois à la figure de Disney ? Si le rachat successif de célèbres licences et studios, dont la 20th Century Fox récemment, a de quoi laisser pantois bon nombre de spectateurs craintifs de voir certains de leurs héros arborer les oreilles de Mickey, nier irréfutablement la qualité de certains longs métrages, bien qu’imparfaits, serait purement de mauvaise foi. Et c’est ce qui a peut-être provoqué le désintérêt envers ce Ralph 2.0. Le scénario, oui, est des plus classiques comme dit ci-dessus. Mais il est rondement mené, exécuté avec un timing parfait au niveau du rythme, et avec la maestria visuelle chère au duo de réalisateurs, également responsables du formidable Zootopie. Si ce dernier mettait en avant la tolérance et l’importance du vivre ensemble, Ralph 2.0 met également en avant un message moralisateur visant le danger d’internet, et la vampirisation des réseaux sociaux, contre lesquels il faut davantage se protéger, et surtout bien l’utiliser. Bien sûr, la confiance en soi et aller au bout de ses rêves seront également de la partie, argument indéfiniment recyclable de la firme multimilliardaire. Message peut-être primaire, souligné grassement, mais efficace, et à la vertu pédagogique suffisamment sincère pour en tenir compte.

 

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Vanellope Van Schweetz, entourée des princesses Disney !

 

De même, force est de reconnaître que Disney sait très bien faire preuve de second degré quand l’occasion se présente. Un peu à la manière du Dumbo de Tim Burton, sorti en février, qui tournait en ridicule la construction d’un parc d’attractions par son propriétaire mégalomane (coucou Disneyland !), Ralph 2.0 n’hésite pas à rendre risible ses plus belles icônes. La séquence la plus mémorable est sans conteste celle des princesses, très drôle, et qui malgré les critiques faciles ne dure pas plus de 10 minutes. Et si la majorité des gags est davantage tournée vers un public plus jeune, le double discours caractéristique des films d’animations actuels saura également ravir les adultes. Et ces derniers pourront ainsi constater que Ralph 2.0 ne mérite pas un bashing aussi sévère. Car s’il est de manière incontestable moins réussi que Les Mondes de Ralph, le film se révèle très honnête. Drôle, l’animation impeccable et rythmé par une bande originale des plus entraînante signée Imagine Dragons, il peut compléter sans souci votre vidéothèque.

 

À ce titre, le film parait aujourd’hui sous trois éditions : une édition DVD, blu-ray classique et blu-ray édition spéciale FNAC, en version limitée steelbook et comprenant un livret de 140 pages sur les secrets de fabrication du film (à noter que 5€ sont offerts avec cette édition aux adhérents). La liste des bonus est pour autant plutôt faible. Vous trouverez ainsi 5 scènes coupées, les traditionnels clips musicaux, et des featurettes de quelques minutes sur certains aspects liés à la production du film (« Comment on a cassé Internet », les clins d’œil du film, les chats de BuzzTube et la musique) ; Tr7s anecdotique. Privilégiez ainsi l’édition FNAC avec son livret offert, revenant en détail sur les méthodes de conception du long métrage.

 

Par Kévin Beluche

 

(Re)voir la bande-annonce du film :