Week-end temps fort autour de l’exposition « Opéra Monde » au Centre Pompidou-Metz

Les 29, 30 novembre et 1er décembre, en résonance à l’exposition « Opéra Monde ». La quête d’un art total, le Centre Pompidou-Metz organise un week-end de temps fort aux allures de festival consacré à la performance et au corps en lien avec la tradition de l’opéra. Au programme : projections et performances, dont des créations originales.

 

VENDREDI 29 NOVEMBRE

Projection du film « Fitzcarraldo » (1982) de Werner Herzog, à 20h30

Le Centre Pompidou-Metz convie les visiteurs à (re)découvrir Fitzcarraldo, le film devenu culte de Werner Herzog. Mélomane et passionné d’art lyrique, Brian Sweene Fitzgerald, plus connu sous le nom de Fitzcarraldo fait le pari fou de construire un opéra au cœur de la jungle amazonienne et embarque sur un bateau rafistolé qui doit franchir une montagne. La force de ce film réside tant dans l’intensité de la quête passionnelle propre à l’opéra, que dans l’ambiguïté entre fiction et réalité. Cri d’amour à l’insolite et au dérisoire, Fitzcarraldo dresse le portrait de celui qui tente l’impossible pour atteindre ses rêves, dans une démesure absolue.

 

SAMEDI 30 NOVEMBRE

Performance « A Journey to Tomorrow Island » de Christophe Haleb avec la compagnie La Zouze, à 15h30

Puisant dans son répertoire, Christophe Haleb a cherché les pièces évoquant son lien à l’opéra : assemblage baroque, beauté imparfaite, genre hybride. Ce récit est comme un archipel de relations poétiques tissé entre des images de corps et de villes, des mouvements, des paysages et des musiques, des chants, des gestes et des îles, à partir des matériaux disparates issus de pièces et films du chorégraphe-vidéaste tels que Communextase, Evelyne House of Shame, Entropic now, Un sueño despierto, ou encore Fama.

 

Projection du film « Halka/Haïti » de C.T. Jasper et Joanna Malinowska, à 16h45

Inspirés par le film Fitzcarraldo de Werner Herzog, les deux artistes polonais montent sous les tropiques Halka, célèbre opéra tragique de Stanisław Moniuszko (1858). Cette collaboration entre l’équipe d’opéra polonaise et les musiciens et danseurs haïtiens prolonge les liens historiques et culturels entre la Pologne et Haïti tissés à l’époque napoléonienne, alors que les soldats polonais envoyés pour réprimer la révolte des habitants participèrent à l’indépendance de l’île.

 

Suivi de la performance « String Quintet for 2 Cellos, 2 Violas and a Corpse » de Joanna Malinowska et Masami Tomihisa

Quintette à cordes pour deux violoncelles, deux altos et un corps est une commande de Joanna Malinowska au compositeur Masami Tomihisa. Pour cette partition sur le thème de la mort, le musicien avait notamment pour instruction l’inclusion d’un cadavre ou d’un corps apparemment mort en tant qu’instrument silencieux. Joanna Malinowska explore diverses formes d’expression : sculpture, vidéo, performance. Elle aborde des sujets liés à l’anthropologie, aux conflits culturels et à la musique.

 

Performance « Operville » d’Ivo Dimchev, à 20h30

Dans Operville, trois chanteurs/performeurs créent un enchaînement de tableaux vivants intrigants. En toile de fond apparaît simultanément un courant de conscience de Dimchev. Par rapport aux poses abstraites et à l’incompréhensible langage chanté à l’avant de la scène, les textes sont extraordinairement concrets et intimes. Par la force de la voix, une théâtralité extrême et un tempérament à toute épreuve, Ivo Dimchev part en quête de ce qu’est l’opéra et de ce qu’il pourrait être.

 

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Dans « Operville », trois chanteurs/performeurs créent un enchaînement de tableaux vivants intrigants.

 

DIMANCHE 1er DÉCEMBRE

Performance « Breathless, Black and Light » de Danica Dakic, à 14h30

Si l’opéra aborde les grandes questions humaines et politiques à travers la musique et le chant, pour cette pièce Danica Dakic exploite le corps féminin dans ce qu’il a d’habituellement invisible et inaudible : souffle et effort physique, douleur et volonté, leur beauté, l’endurance et la lutte pour la liberté. Elle pousse l’actrice et danseuse Amila Terzimehić, ancienne gymnaste, au bout de ses capacités physiques et performatives et fait de sa performance l’espace de négociation d’une politique du corps entre la scène et l’auditoire.

 

Performance « Gibt es kein Hinüber ? »  de Sandra Pocceschi et Giacomo Strada, à 16h

À travers une série d’images accompagnées d’extraits d’Ariadne auf Naxos et de La Flûte enchantée de Mozart, les metteurs en scène Sandra Pocceschi et Giacomo Strada explorent les composantes de l’opéra, considérant le répertoire lyrique comme un squelette, et les interprètes et le dispositif théâtral comme les chairs qui servent à lui composer à chaque fois un corps singulier.

 

Performance « Trauerspiel »  de Gaëtan Rusquet et Joël Defrance, à 17h30

Pour leur première collaboration, Gaëtan Rusquet et Joël Defrance partagent leurs images fantasmées des fins tragiques des grandes figures féminines solistes de l’opéra, mortelles telles qu’Isolde transfigurée, la chute de Tosca, la danse d’Électre, la dissolution d’Emilia Marty… Ces divas qui, à chaque représentation, n’en finissent plus de tomber, de danser et mourir dans un dernier cri, une note cristalline ou étouffée, un court instant, juste avant que le verre ne se brise. Les deux performeurs, sans être des chanteurs lyriques, vont jouer gloires ou échecs en boucle comme un cartoon des corps opératiques, poussant au maximum une dramatisation de la réalité.

 

Par Jérémy Loeung