Anne Pacéo : « la musique n’a pas de frontières »

Anne Paceo, batteuse sans frontières et globe trotteuse de 34 ans, élue « artiste de l’année » aux Victoires du Jazz 2016, a sorti le 25 janvier dernier son nouvel album « Bright Shadows ». Elle sera en concert le 2 avril à l’Arsenal de Metz dès 20h. Rencontre avec celle qui s’est produite dans plus de 41 pays sur les cinq continents.

 

Bright Shadows, qui est déjà votre 6ème album, mélange encore une fois les genres. On y trouve de la pop, du folk, du jazz voire même de l’électro… Est-ce une suite logique à votre dernier album Circles ?

Complètement ! J’avais commencé à mélanger les influences dans Circles avec Tony Paeleman, et j’ai voulu poussé cette aventure encore plus loin dans cet album avec plus de chansons. J’ai écouté beaucoup de musique ces dernières années, de tous les genres, cela m’a nourrit et m’a aidé à construire cet album. Je trouvais intéressant d’allier tous ces styles de musique dans un seul et même album. La musique n’a pas de frontières, elle dépasse tout ça.

 

Est-ce notamment vos expériences de voyage qui vous font dire cela ?

Oui car quand on voyage à l’étranger, on parle pas forcément la même langue. Et la musique a cette faculté d’être un langage universel, il y a une proximité qui se crée grâce à la musique. J’aime à dire que la musique permet de sonder l’âme, parfois c’est même plus profond que juste parler. J’adore l’improvisation dans le jazz, le synthé dans l’électro, les musiques d’Afrique de l’Ouest… C’est un disque hybride où on retrouve tout ce que j’aime dans chaque style de musique.

 

Vous avez collaboré avec d’autres artistes comme Mélissa Laveaux, Jeanne Aded ou encore Rhoda Scott, que vous ont-ils apporté ?

J’ai beaucoup appris en tant qu’accompagnatrice. C’est très intéressant de voir comment travaille le leader, quelle énergie il arrive à insuffler, quelle liberté il laisse aux musiciens et comment il les amène à donner le meilleur d’eux-mêmes. Collaborer avec Mélissa Laveaux, Jeanne Aded, et d’autres, ça m’a construite personnellement, ça a changé ma perception de la musique et même mon jeu de batterie. J’ai aimé jouer des rythmes différents, parfois plus simples, et je me suis rendue compte que c’était plus difficile de jouer des choses simples. J’ai appris dans ces collaborations que chaque note a un sens, chaque note est habitée.

 

On entend plus votre voix dans Bright Shadows, est-ce que vous assumez plus votre chant aujourd’hui ?

J’assume plus oui parce que je grandis ! En vieillissant on apprend à s’accepter comme on est. Il faut avant tout se faire plaisir, et chanter me rend heureuse. Dans ce disque il y a 3 voix, il y a celle de Florent Mateo qui est très grave, celle d’Ann Shirley qui est grave également mais plus veloutée, et la mienne qui est plus claire, plus limpide. Je n’avais pas prévu de chanter à la base et quand on a commencé à construire le disque, on s’est dit qu’il fallait une troisième voix, et on a rajouté la mienne.

 

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Anne Pacéo a plusieurs cordes à son arc : elle est batteuse, compositrice, chanteuse et globe trotteuse.

 

À part dans le titre Stranger, il n’y a pas de chanson en français, pourquoi ce choix ?

Quand j’écris une musique, je chante dans une langue imaginaire, une langue qui ressemble à du yaourt, et ce yaourt ressemble beaucoup à l’anglais. La musique est universelle et l’anglais est une langue universelle, je voulais être intelligible pour les personnes qui m’écoutent en Turquie, en Afrique, aux Etats-Unis…

 

Quand on écoute Bright Shadows, on a l’impression de voyager. Peut-on définir cet album comme une invitation au voyage ?

C’est une invitation au voyage intérieur car il y a plein de questionnement intérieur. Certains morceaux font penser à des musiques d’autres pays, mais Bright Shadows c’est surtout mon monde imaginaire. Donc oui on peut dire que c’est un voyage intérieur et extérieur si je puis dire.

 

À quoi doit s’attendre le public en venant voir un concert d’Anne Pacéo ?

Suite à la sortie du disque le 25 janvier, nous avons présenter l’album au Centquatre à Paris, et j’ai eu pas mal de retours, notamment par sms. Les gens disent que ma musique leur a fait du bien, quelqu’un m’a même dit qu’il avait une sensation de bien-être pendant deux jours. Un journaliste de Télérama, qui est venu me voir à ce concert, m’a dit qu’il avait ressenti de la joie et de l’amour, et que je lui avait « cassé son cœur de pierre ». C’est un concert qui remue mais dans le bon sens du terme. Il y a une grande complicité sur scène avec le public, on joue pour les gens !

 

Avez-vous un message pour le public messin ?

Même s’ils ne connaissent pas ma musique, c’est toujours génial de découvrir, de se surprendre et de sortir des sentiers battus.

 

Un dernier mot à ajouter ?

Le disque est sorti le 25 janvier dernier et si les gens veulent le découvrir avant le concert, ils peuvent le trouver sur tous les sites de streaming, sur YouTube et chez les disquaires évidemment.

 

Propos recueillis par Jérémy Loeung

 

On s’écoute « Tomorrow » en live, issu de l’album « Bright Shadows » :