Expo au Frac Lorraine : « The making of husbands » de Christina Ramberg

Depuis le 14 février et jusqu’au 10 mai, a lieu au Frac Lorraine, « The Making of Husbands », une exposition rassemblant des artistes de diverses générations et horizons autour de l’œuvre de Christina Ramberg.

 

Christina Ramberg (1946-1995) est une artiste et éducatrice américaine associée aux Chicago Imagists, un groupe d’artistes figuratifs de Chicago des années 1960. Ils se sont inspirés du surréalisme, de la pop et de l’illustration de bande dessinée souterraine de la côte ouest des États-Unis. Christina Ramberg est surtout connu pour ses représentations de corps féminins partiels (têtes, torses, mains) contraints à la soumission par des sous-vêtements et imaginés dans des situations érotiques étranges.

 

Interdépendance entre corps et environnement

Pour la première fois en France, le projet constitue la première présentation significative d’œuvres de Christina Ramberg en Europe avec un ensemble de ses peintures et dessins dévoilant un travail qui ne cesse d’inspirer.

 

« Contenir, maitriser, retenir, remodeler, blesser, comprimer, lier, transformer une forme grumeleuse en une ligne lisse et nette », c’est ainsi que Christina Ramberg décrit ses dessins de corsets dans son carnet d’esquisses. Elle observe le corps humain dans divers états, ses modulations et métamorphoses. Elle fait écho à une recherche plus vaste sur les dynamiques de pouvoir, les conventions sociales, les hiérarchies, la construction du genre, le désir, le fétichisme et leur standardisation croissante. Les œuvres soulignent les relations d’interdépendance entre les corps d’un côté et les objets du quotidien, les bâtiments et les infrastructures de l’autre, qu’il s’agisse de vêtements, de véhicules ou de barrières. L’ensemble élargie notre compréhension de l’influence, aussi bien sur l’expression individuelle que sur les interactions sociales, des principes qui sous-entendent l’interdépendance entre corps et environnement. L’idée est de trouver une identité entre l’homme et son environnement. C’est la recherche d’identification dans la société et son rapport aux objets. Christina Ramberg pose la question de la standardisation et de la société de consommation où il est difficile de trouver sa place si « on ne rentre pas dans le moule ». On standardise le corps et on lui impose des normes.

 

Des œuvres féministes

Christina veut aussi redonner une place aux femmes dans l’histoire de la généalogie artistique et sur tout ce qui est en marge de la société. Elle veut montrer la diversité des œuvres contemporaines et a une volonté d’opposition face au normatif et l’unification des courants artistiques en fonction des époques.

 

On peut voir comment est représentée la femme dès les années 50 : situations et tenues érotiques et importance du corset qui va sculpter le corps féminin et le limiter. Elle fait référence à la femme au foyer avec des objets comme la machine à écrire, l’aspirateur, le fer à repasser… C’est « l’éducation des gestes » et des positions à avoir en tant que femmes dans certaines situations. Christina montre comment les objets vont éduquer et contraindre l’homme pour créer une norme.

 

Au travers des diverses œuvres de Christina Ramberg mais aussi d’autres artistes qui vont de pair avec les idées de Christina, les frontières deviennent floues entre le corps et l’objet : l’homme devient objet, un mannequin sans tête et sans mains (représentation en peinture de corps humains fait de matières où les vêtements deviennent peau). C’est la modélisation du corps : la machine remplace le corps et détermine l’image que l‘on a de soi.

 

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Dans le cadre de Degré Est, le Frac Lorraine expose également une œuvre de la jeune artiste Emma Perrochon.

 

Degrés Est : Emma Perrochon

Le Frac Lorraine est aussi en collaboration avec le Frac Alsace et de Champagne-Ardenne, centrés sur les artistes liés au territoire du Grand-Est. Cette fois-ci le Frac présente une jeune artiste de 33 ans, Emma Perrochon qui a étudié à l’école des Beaux-Arts de Dijon. Elle utilise les matériaux en s’appuyant sur des techniques issues de l’artisanat et interprète leurs histoires, leurs caractéristiques et leurs exigences.

 

Son œuvre est un groupe de sculptures coniques où sont posés des foulards en peinture de soie. C’est l’idée d’un espace urbain en mouvement (on peut circuler autour), le foulard représente l’objet perdu que l’on trouve dans la rue et que l’on va poser en évidence sur une borne de trottoir pour qu’il puisse retrouver son propriétaire. Une contradiction entre la soie (douce, fragile et délicate) et le béton (froid, rugueux et lourd) mais qui peuvent être également complémentaires. Les peintures sont des souvenirs d’endroits des villes du monde (chevaux, roues, nœud marin, fontaine du Vietnam, lac, marbre coloré, fragments de bateaux). Comme si on marchait dans les rues des villes du monde où chaque objet trouve sa place dans un environnement commun.

 

Infos pratiques :

Exposition autour des oeuvres de Christina Ramberg avec Alexandre Bircken, Sara Deraedt, Gaylen Gerber, Konrad Klapheck, Ghislaine Leung, Senga Nengudi, Ana Pellicer, Richard Rezac, Diane Simpson, Frieda Toranzo Jaeger et Kathleen White.

Exposition du 14 février au 10 mai 2020

Accès libre du mardi au vendredi de 14h à 18h, et samedi et dimanche de 11h à 19h

www.fraclorraine.org

 

Par Mathilde Lorrain