L’odyssée de Jean-Pierre Marongiu, incarcéré près de 5 ans au Qatar

Emprisonné en septembre 2013 pour une affaire de chèque sans provision et libéré le 5 juillet 2018, le Mosellan Jean-Pierre Marongiu raconte son histoire et sa vérité dans un livre intitulé « InQarcéré », sorti le 14 mars dernier aux éditions Les Nouveaux Auteurs.

 

1744 : c’est le nombre de jours qu’a passé Jean-Pierre Marongiu dans la prison centrale de Doha. 4 ans et 10 mois de cauchemar pour une sombre histoire de chèque sans provision orchestré par son « sponsor » qatari. Emprisonné sans véritable procès et sans traducteur, il va alors côtoyer les pires criminels : des meurtriers, des djihadistes, des violeurs et même des cannibales. Il échappera par miracle de nombreuses fois à la mort et remuera ciel et terre pour interpeler sur sa situation… sans succès : « J’ai fait 4 grèves de la faim successives pour forcer les autorités françaises à bouger, mais ils n’ont rien fait. »

 

Ayant vécu les événements de Charlie Hebdo et du Bataclan dans un environnement islamiste radical, où les prisonniers applaudissaient à chaque nom des victimes françaises, Jean-Pierre Marongiu a dû se battre pour vivre dans ce milieu hostile : « J’ai été forcé et contraint dans les cellules d’isolement de faire dans l’introspection et la méditation. C’est ce qui m’a permis de tenir le coup et de trouver une résilience que je ne me connaissais pas. » C’est également l’amour de sa femme Isabelle et de ses deux enfants, avec qui il a pu garder contact via des téléphones clandestins, qui l’ont aidé à se maintenir à flot : « Tout était sur les épaules de mon épouse. Et outre l’amour infini que je lui voue, je lui voue maintenant une admiration sans borne, elle a été exceptionnelle ! »

 

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Son précédent livre « Qaptif » sorti en 2014 et « InQarcéré » son dernier sorti en mars 2019.

 

« Une véritable descente aux enfers »

 

Gracié par l’émir du Qatar le 21 juin dernier, Jean-Pierre Marongiu a fait son retour à Metz le 8 juillet 2018 dans l’anonymat la plus totale, au contraire de Florence Cassez ou Ingrid Betancourt, accueillies en grande pompe par les diplomates français. Il n’a reçu aucune aide psychologique de l’État et en tant que chef d’entreprise expatrié, il n’a droit à aucune aide financière.

 

À présent libre, Jean-Pierre Marongiu en veut toujours à la diplomatie française et entend ouvrir les yeux sur son histoire : « Le fait d’avoir été abandonné par mon pays m’a donné envie de le servir. » Expert en management dans les milieux pétrolifères à la base, il compte continuer à écrire des romans mais s’intéresse également aux médias, et même à la politique : « J’ai des choses à dire, je n’oublie rien des gens qui ont cru bon de parler sur cette histoire et donner leur avis alors qu’ils n’en avaient aucune connaissance. J’ai le dos au mur et j’ai envie d’aller de l’avant. »

 

Écrit sous forme de roman-témoignage, InQarcéré se lit comme un thriller : « La vie dans les prisons qataris c’est très proche de Midnight Express. C’est une véritable descente aux enfers pour qui la prison n’était pas un horizon. » Jean-Pierre Marongiu sera au Livre à Metz ce week-end pour vous dédicacer son livre et vous faire part de son odyssée.

 

Par Jérémy Loeung