Édito #9 : le covid-19 emporte les municipales

On ne va pas se le cacher on attendait avec une certaine gourmandise et impatience les résultats du premier tour de l’élection municipale et en particulier celle de Metz tant la situation était unique et les inconnues nombreuses. Mais, la crise sanitaire, causée par le coronavirus, est venue balayer tout cela et faire de ce moment important de notre démocratie un acte totalement hors de propos et incongru. Question de priorité.

 

Cette séquence, historique à bien des égards, montre combien nous sommes en incapacité à prendre la totale conscience de la gravité de la situation et à anticiper une évolution de la pandémie qui était inéluctable. L’argument qui consiste à dire que nous adaptons les mesures à la faveur de l’évolution de la crise est en parti pas recevable, il faut aussi savoir devancer ce qui peut arriver. « Gouverner, c’est prévoir » disait Émile de Girardin. Et on ne peut pas dire qu’il n’y avait pas d’exemples, alors que nos voisins italiens nous conjurait d’anticiper en prenant des mesures fortes et radicales et que certains pays comme la Corée du Sud ou Taiwan ont fait la démonstration que la limitation de la propagation était possible.

Ces images de regroupements de personnes en ce dimanche ensoleillé illustraient ce décalage entre la réalité d’une situation et sa prise de conscience. Faut-il y voir une simple inconscience ou l’expression d’un égoïsme exacerbé ? On aimerait penser qu’il s’agirait plutôt de la première possibilité…

Comment informer sans créer de panique ? La marge est étroite pour ceux qui ont en charge de prendre des décisions. On a vu aussi cette ruée dans les grandes surfaces sur les produits de première nécessité, la solidarité montre parfois qu’elle trouve rapidement ses limites.

 

covid-19-municipales-depouillement-metz-today
Faut-il annuler les votes du 1er tour et repartir à zéro ?

Pour en revenir à nos élections municipales, avec le recul, il est clair que c’était une erreur que de les avoir maintenu. Les scientifiques étaient d’ailleurs pas tous d’accord sur leurs tenues. Et c’est l’argument politique qui l’a emporté. Et que pèse aujourd’hui l’argument qui consiste à dire que c’était important de maintenir la démocratie face à la sécurité sanitaire de chacun d’entre nous. En quoi un report des élections aurait été un déni de démocratie voire d’un acte assimilable à un excès d’autoritarisme ou de totalitarisme ? La décision de maintenir l’élection et de fermer tous les lieux publics (sauf les magasins de première nécessité) a été totalement incompréhensible pour les citoyens que nous sommes tous. Il faut savoir quelque fois prendre des décisions qui limitent nos libertés, leurs maintiens peuvent être parfois à ce prix. Sans cela c’est la confiance entre les citoyens et ceux qui gouvernent qui s’étiole. Et les conséquences peuvent encore ajouter à la gravité de la situation.

 

Aujourd’hui, on se trouve dans une situation où les résultats de cette élection, bien que juridiquement incontestables, ne sont pas représentatifs. Elles ne sont pas « sincères » disent les spécialistes. Un report du second tour semble faire l’unanimité. Plusieurs questions se posent alors : faut-il tout annuler et repartir à zéro ? Faut-il tenir pour acquis les candidats élus au premier tour ? Faut-il refaire les deux tours ou simplement le deuxième, et quand ? etc… Toutes ces questions peuvent apparaître comme bien futiles au regard de la gravité de la situation. Elles illustrent en tout cas ce décalage dans la prise de conscience et la difficulté impérative à se mobiliser et à « faire nation » comme le disait le Président de la République. Gageons que nous en saurons tirer tous les enseignements.

 

Par Caton