« Avengers : Endgame » vs « Hellboy » : le match des sorties Blu-Ray

D’un côté, un cataclysme sans précédent, conclusion dantesque d’un arc narratif regroupant 10 ans d’aventures Marvel, véritable raz-de-marée au box-office mondial ayant détrôné Avatar en qualité de numéro un. De l’autre, un flop commercial inouï, raillé par la critique et boudé par le public, pourtant non exempt de qualités ! Exploitant chacun à leur façon le mythe du super-héros, profitons de la sortie Blu-Ray de ces deux œuvres diamétralement opposées dans le traitement de leur thématique pour faire un retour express sur le dernier volet Avengers et la nouvelle adaptation du comics de Mike Mignola, Hellboy. C’est l’heure du match !

 

Commençons par le succès démesuré de cette année, le film ayant à ce jour engrangé le plus de recettes internationales de l’Histoire du Cinéma, soit 2,8 milliards de dollars. Car on peut reprocher ce qu’on veut au Marvel Cinematic Universe (MCU), notamment de proposer de plus en plus de films qui paraissent formatés et adaptés dans le moule Disney, gage de réussite pour la conquête du public et les billets verts. Mais force est de constater que sa mécanique est parfaitement huilée, avec une logistique précise et implacable depuis déjà plus de 10 ans ! Et il aura fallu attendre tout ce temps pour voir débouler la conclusion de tout cet arc narratif développé depuis le premier Iron Man sorti en 2008. Dire que le film était attendu au tournant est un doux euphémisme, au vu de son résultat au box-office. Est-ce pour autant gage de qualité ?

 

A l’instar de la majorité des films Marvel, Endgame présente un défaut principal : son mauvais dosage d’humour. C’est d’autant plus flagrant ici : après la conclusion pessimiste d’Infinity War, le précédent volet, qui voyait la majorité de nos héros disparaître en poussière, le long métrage se concentre avec sa première demi-heure sur une ambiance froide, presque dépressive, aux allures de fin du monde. Ambiance qui de prime abord ne va pas de pair avec l’humour enfantin propre aux Marvel : voir un Hulk faire un selfie suivi d’un DAB pour amuser des ados, Ant-Man testant le voyage dans le temps et revenant en couche culottes, Thor jouant à Fortnite… Si certaines bien sûr font mouche (Bro-Thor fait quand même son petit effet), l’effet de décalage avec un côté sérieux totalement assumé, maîtrisé la plupart du temps (la destinée de Hawkeye, la dépression de Tony Stark, l’humanité tentant de se reconstruire…), apparaît comme un accident de parcours maladroit. C’est d’autant plus regrettable que Marvel semble afficher ici une maturité quelque peu nouvelle, par la dramatisation et la prise au sérieux de l’intrigue, créant ainsi de véritables enjeux et étant proche de ses personnages. Et il fallait bien ça pour conclure dignement !

 

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Robert Downey Jr. a enfilé pour la dernière fois l’armure d’Iron Man.

 

Car même en faisant la fine bouche, inutile de dire qu’on se prend une véritable claque émotionnelle devant Endgame. Pour avoir suivi un tant soit peu les 10 ans du MCU, le film a des allures de véritable cadeau destiné aux afficionados ! Mais pas que ! Car si quelques scènes et autres anecdotes réjouiront à coup sûr les fans, elles ne sont que des détails englobés dans une histoire accessible (et plaisante pour quiconque aime le divertissement) pour le plus grand nombre, et non un film fermé et réservé aux plus assidus (à l’image d’un Warcraft par exemple). Et une histoire surtout centrée sur ses personnages originels, les six premiers Avengers, qui connaissent tous une conclusion satisfaisante, et même émouvante, à l’égard du chemin parcouru ces dix dernières années. Et ce au terme de LA bataille finale que tout le monde attendait, avec l’ensemble des super-héros contre un Thanos des plus menaçants (bien que nettement moins convaincant qu’Infinity War), sans doute un des climax les plus forts émotionnellement parlant, les plus stimulants et impressionnants de ces dernières années. Un formidable chant de cygne sublimé par la prononciation enfin concrète de ces quelques mots : « Avengers … Rassemblement ! »

 

Pari relevé haut la main pour les frères Russo donc ! Si leur mise en scène est toujours aussi peu inventive, se contentant de filmer ce qui doit être nécessaire sans aucune prise de risque et inventivité, force est de reconnaître que l’incroyable défi inauguré en 2008 connaît une conclusion en forme d’apothéose on ne peut plus satisfaisante. Un spectacle émotionnel et visuel éblouissant, dont les supports physiques se devaient de rendre honneur.

 

Ces derniers sont sortis le 30 août au nombre de 5 : une édition DVD, Blu-Ray classique, Blu-Ray 3D et Blu-Ray 4K, ainsi qu’une édition spéciale FNAC dans une très belle version steelbook, avec un superbe visuel, et en bonus un livret collector de plus de 80 pages regroupant photos de tournage et informations. Techniquement irréprochable, avec une image 2K upscalé en 4K et un son Dolby Atmos 7.1.4 en VO à faire vrombir les murs (la VF se contentera d’un déjà très efficace Dolby Digital Plus 7.1). Les bonus sont plutôt de bonne facture comparés aux précédentes éditions Marvel, avec un making-of de 46 minutes explorant les personnages, certaines scènes clés du film, et un vibrant hommage à Stan Lee. S’ajoutent à cela quelques scènes coupées, un commentaire audio à 4 voix avec les réalisateurs et scénaristes, et le traditionnel bêtisier.

 

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Plutôt Hellboy version David Harbour ou version Ron Perlman ?

 

Des bonus semblables à l’édition Blu-Ray de notre concurrent du jour : Hellboy. Se présentant avec l’édition DVD, Blu-Ray standard et Blu-Ray version Steelbook en édition limitée, comportant un extrait du comic original de Mike Mignola (une édition visuellement magnifique elle aussi), toutes disponibles depuis le 9 septembre, nous y trouvons un making of de 70 minutes (assez intéressant mais très orienté promo pour un film à la production aussi difficile), trois scènes coupées ainsi que des prévisualisations informatiques de trois autres scènes. Les prestations techniques sont également au diapason (plutôt normal vu le caractère récent du film), avec un son DTS-HD Master Audio pour les deux pistes audio, et une image offrant un spectacle visuel tout à fait confortable. Ainsi, si les supports sont relativement liés, il en est tout à fait autrement sur l’œuvre en elle-même.

 

De par le résultat au box-office pour commencer : si le succès d’Avengers Endgame est écrasant et incontestable, Hellboy est parti pour être un des flops les plus catastrophiques de cette année. Pour un budget d’environ 90 millions en comptant l’aspect promotionnel, le film n’a rapporté que 46 millions à travers le monde : une perte sèche de près de 50 millions de dollars ! De par les critiques désastreuses ensuite : si la presse n’a pas été tendre avec le film, le public a été beaucoup plus dur, regrettant l’absence d’un volet dirigé par Del Toro, l’absence de Ron Perlman sous les traits du super-héros démon, et l’absence de ce mélange de poésie et de lyrisme qui se dégageait des deux précédents opus. Est-ce pour autant un mauvais film ? La réponse n’est pas si facile.
Car Hellboy cru 2019 est avant tout un film mort-né. Par le fait que le public attendait davantage un 3e volet par Del Toro, et non pas un énième reboot. Et surtout par les nombreuses tensions apparues entre le réalisateur Neil Marshall et les producteurs, n’ayant pas la même vision du long métrage et rendant l’ensemble malade et bien bancal. Et c’est par ce deuxième point que le long métrage paraît si catastrophique, ne sachant pas sur quel pied danser entre l’overdose de gore et de violence voulue par le réalisateur, qui vient du cinéma d’horreur avec les très bons Dog Soldiers et The Descent, et l’humour également très présent (tantôt réussi, tantôt totalement à côté de la plaque) souhaité par la production. Mais ne serait-ce pas tout simplement la définition d’un nanar ?

 

Car peu importe en réalité si le film reflète la décision d’une des deux parties, le résultat est bien là : Hellboy est un nanar dans sa plus belle définition. Contraint par les producteurs, un temps de développement constamment revu à la baisse, et une promotion catastrophique, Marshall a fait ce qu’il a pu. Et certains effets sont très réussis, comme le bestiaire, relativement varié, la sauvagerie de quelques scènes en total décalage avec le mythe du super-héros (et pour le coup, ça fait quand même du bien !), et une vision de l’Enfer relativement intéressante. Mais la plupart des propositions du film tombent à plat, que ce soit un rythme infernal et expédié ne s’attardant aucunement sur les personnages et leurs relations, des effets spéciaux qui ne semblent pas terminés, et des scènes d’action brouillonnes et foutraques, hormis le plan séquence final. Bref, on en prend plein la vue, mais pas de la meilleure des manières, on rigole abondement, mais souvent involontairement, on essaye de prendre au sérieux ce qui se passe, mais c’est souvent impossible. Et c’est très certainement ce côté malade et bancal donnant un aspect je-m’en-foutiste à l’ensemble, qui fait le charme et le sel de ce nouveau Hellboy.

 

Par conséquent, quel choix faire au niveau de ces deux Blu-Rays ? Tout dépend de ce que vous recherchez. Une soirée pizza-bières entouré d’amis prêts à rigoler ? Incontestablement Hellboy. Une conclusion épique, bien réalisée, et un véritable maelstrom émotionnel ? Indubitablement Avengers : Endgame. Tout dépend de votre plaisir recherché, conséquence de votre subjectivité à cet art si singulier et unique qu’est le cinéma.

 

Par Kévin Beluche

 

(Re)voir la bande-annonce d’Anvengers : Endgame :

 

 

Et celle de Hellboy :