Chris Stills : « Je ne suis pas là parce que fils de »

À l’occasion de la sortie de son nouvel album « Don’t be afraid » et de son passage aux Arènes de Metz le 21 février prochain, l’auteur-compositeur-interprète franco-américain s’est confié pour Metz Today sur son nouvel opus après plusieurs années d’absence.

 

Chris, votre nouvel album est sorti le 2 février dernier, la critique le décrit comme en rupture avec vos précédents, vous êtes d’accord ?

On va dire que c’est une rupture par rapport à mon deuxième album. Avec « Don’t be afraid », je reviens plutôt vers mon premier album mais avec bien sûr plus de maturité, plus de recul et d’expérience, plus de choses dans la tête.

 

Quel a été votre parcours depuis la sortie de votre dernier album ?

J’ai fait pas mal de tournées avec ce disque, j’ai aussi tourné aux USA à droite et à gauche. Et finalement j’ai eu un rôle dans une comédie musicale. J’ai fait le casting pour « Cléopâtre », c’était vraiment pour le fun je suis arrivé avec une barbe énorme pour le rôle de Jules César ! Kamel Ouali et les producteurs m’ont auditionné, et quelques mois plus tard Kamel Ouali me rappelle et j’avais le rôle. Ça a duré deux ans en 2008 et 2009. Ensuite j’ai fait un long métrage qui s’appelle « Requiem pour une tueuse » avec Mélanie Laurent, Clovis Cornillac, Tchéky Karyo… Et même si ça n’a pas beaucoup marché, j’ai aimé ce rôle de comédien, c’est beaucoup de travail. Pendant la comédie musicale « Cléopâtre » et en étant en tournée, j’ai enregistré un album en français, mais à ce moment je me suis dit que je chantais beaucoup mieux en anglais. Le nouveau président du label où j’étais à l’époque ne voulait pas de chansons en anglais, il disait qu’il y en avait déjà trop dans le label.

 

Vous avez donc choisi de reprendre votre liberté finalement ?

J’en avais un peu marre et j’ai vraiment ressenti un déclic, comme l’impression que je perdais mes racines. Je n’étais plus en harmonie et j’ai quitté la France pour me retaper aux Etats-Unis. Je me suis repris en main, je suis également passé par un divorce, et je me suis vraiment donné à mes enfants. Et même si ce n’est jamais facile je trouve que c’est le meilleur divorce qu’on puisse avoir sur Terre. Je me suis autoproduit pendant longtemps en cherchant le bon mariage artistique, et avec deux enfants et un rôle de père tout cela a pris du temps. Et finalement, j’ai rencontré le président du label Rupture, il m’a dit « j’adore ton album il faut le sortir » et voilà !

 

Derrière ce nom « Don’t be afraid » il y a un message que vous avez voulu faire passer ?

Le message était déjà pour moi-même, je me disais « sors-le ton disque, continue, fais ta route et suit ta musique où elle va ». C’est une question de foi, il faut y aller que ce soit par monts et par vaux. J’ai également repensé aux attentats de Paris, et je trouvais que le titre se prêtait bien à toutes ces choses-là. C’est pour l’humanité qu’il faut continuer à avancer. Parfois on se dit « ça craint » mais il ne faut pas se laisser faire il faut continuer.

 

Comment vous décrivez votre relation avec vos parents Véronique Sanson et Stephen Stills musicalement parlant ?

Il y a Chris Stills, il y a Stephen Stills et Véronique Sanson. Quand il s’agit de notre musique, notre création, on s’entre-inspire, mais quand je suis sur scène avec eux ce ne sont pas mes parents, et devant eux ce n’est pas leur fils mais Chris Stills, Ma mère met la barre haute, très haute, plus haut que la plupart des artistes. Quand tu rentres sur scène avec des artistes comme Véronique Sanson, Sheryl Crow, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou Patrick Bruel, tu dois donner le meilleur. Mais ce n’est pas parce que je suis « fils de » que je suis là, c’est parce que je suis respecté pour ce que je fais.

 

Vous passez beaucoup de temps aux Etats-Unis, qu’aimez-vous retrouver une fois de retour en France ?

Oui j’ai mes deux enfants qui sont là-bas et je me dédie à eux, je suis un papa gaga. Ici en France, j’ai mes spots, j’ai mes amis, j’ai un appartement à Paris, j’ai mes restaurants favoris… J’ai la chance d’avoir cette double culture, et parmi deux des meilleurs pays au monde ! J’essaye de prendre des deux côtés et surtout le meilleur des deux.

 

On vous voit parfois réagir sur les réseaux sociaux et notamment à propos de Donald Trump, vous ne le portez apparemment pas dans votre cœur ?

La chanson «Blame Game » sur l’album est en réaction à son élection oui, face à toute cette bigoterie et misogynie, et de toutes les cochonneries de ce mec. Pour être dans le bureau du président des Etats-Unis, il faut avoir un niveau élevé. Mes grands-parents étaient résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, j’ai vécu avec des gens classes, mais lui c’est terrible, c’est une honte. Quand il s’en ira ce sera un « great day ». Alors cette chanson je l’ai écrite par rage, je ne voulais pas faire une chanson politique, c’est l’histoire d’un gars qui va acheter une bouteille de whisky, et il blâme les gens qui ont voté pour Trump.

 

Par Thibaut Goetz