Hocine Chabira : « Faire voler en éclat les frontières »

Le directeur de Passages évoque pour nous la deuxième édition du festival Ecoles de Passages qui aura lieu du 1er au 9 juin prochain, sur l’île du Saulcy et au Centre Nautique de Montigny-lès-Metz.

 

Hocine, à quelques heures du début de la deuxième édition d’Ecoles de Passages, l’heure est aux derniers réglages ?

Oui c’est ça ! Le chapiteau du CNAC est en train de s’installer sur le site de Montigny. Sur le site du Saulcy le chapiteau de théâtre s’installe aussi, un théâtre provisoire qu’on utilisera en plus du théâtre du Saulcy. Et sur tout le parvis autour on va installer une scénographie très spécifique, sur la thématique des grands jeux pour enfants. On invite aussi les adultes à venir essayer ces jeux qu’on a tous connu quand on était enfant, mais réadaptés à une taille adulte. On espère que ce site sera un site de vie et de partage puisqu’il y aura une buvette et des concerts le soir.

 

Pas d’inquiétudes au niveau de la météo qui avait quelque peu gâchée l’édition précédente ?

Je ne regarde pas la météo donc je n’ai aucune inquiétude (rires). Ça à l’air pas mal par rapport à ce qu’on avait connu en 2016. C’est royal pour le moment, et puis les prévisions changent tous les jours. Je laisse mon directeur technique se faire des frayeurs avec ça. En tout cas au niveau du remplissage ça va très vite, le cirque affiche complet vendredi et samedi, il ne reste plus que des places le dimanche. Dans la semaine on a déjà pas mal d’autres spectacles qui sont complets, le public a répondu à notre appel et on en est vraiment contents. On est presque à 80% de remplissage de toutes nos jauges alors que le festival n’a pas commencé.

 

Sur quoi avez-vous voulu mettre l’accent au moment de concevoir la programmation du festival ?

On a voulu déjà mettre en relation les écoles du Grand Est avec des écoles internationales. En écoles nationales professionnelles dans notre région il y en a 3, et elles seront toutes les trois présentes, ce qui sera une première lors d’un même évènement. On pourra donc voir le Théâtre National de Strasbourg, l’ESNAM (école de marionnettes de Charleville-Mézières) et l’école de cirque de Châlons-en-Champagne. C’est la fine fleur de la jeunesse qui se destine à devenir artistes professionnels. Ensuite mettre ces écoles en relation avec trois pays, le Burkina Faso, la Tunisie et la Russie, une manière d’ouvrir, et là on est fidèles à l’ADN de Passages qui est un festival tourné vers l’étranger et qui fait voler en éclat les frontières. C’est aussi pour nous très important, et pourquoi pas faire naître de nouveaux projets, de nouvelles histoires théâtrales entre ces personnes qui vont se rencontrer pendant une semaine. Puisqu’en dehors des spectacles présentés, des moments d’échange, de partage d’ateliers et de rencontres professionnelles jalonneront le festival.

 

Comment votre parcours, votre vécu et votre expérience influencent votre travail et votre vision ?

Ça a une influence permanente. On est fait que de ce que l’on est et on agit souvent par rapport à un passé et à une expérience. Ce qui m’a intéressé dans ce travail sur les écoles, c’est que moi-même dans ma jeunesse, j’avais une vingtaine d’années, je voulais me présenter au concours du Théâtre National de Strasbourg, et je n’ai pas pu le faire, même si j’ai été jusqu’à la préparation d’une scène, mais je me suis pas présenté au concours pour des raisons financières. C’était impossible pour ma famille d’assumer la vie à Strasbourg, un appartement et tout ce qui pouvait suivre. On se projette sur le cursus et on se rend vite compte qu’il faut des moyens… Et à cette époque il n’y avait pas de dispositif d’aide comme aujourd’hui. Actuellement quelqu’un qui se retrouve dans la même situation il est vraiment accompagné, en tout cas il peut l’être. Il peut avoir une bourse, être aidé s’il a des difficultés d’ordre financières et c’est une belle évolution.

 

Par Thibaut Goetz