La Vie Scolaire : second essai réussi pour Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Sorti deux ans auparavant, Patients fut la pépite qu’on n’attendait pas ! Une surprise d’une incroyable finesse, qui touchait autant par sa puissance émotionnelle s’éloignant de toute mièvrerie que par la prestation de ses comédiens, Pablo Pauly en tête (d’ailleurs à l’affiche de Trois Jours et une Vie sortie ce mercredi) ! Avec La Vie Scolaire, Grand Corps Malade et Mehdi Idir devaient par conséquent transformer l’essai. Est-ce le cas ?

 

Commençons de suite par le défaut majeur : la prestation de certains acteurs. Si le casting est dans l’ensemble très bon, notamment Antoine Reinartz (120 battements par minute) en professeur dépassé, Alban Ivanov qui assoit de film en film son potentiel comique, et Zita Hanrot totalement investie en CPE, il n’en est pas de même pour les jeunes élèves, souvent à la frontière du non-jeu entre la récitation de texte et le manque d’émotion. C’est d’autant plus flagrant qu’il concerne un des personnages principaux, à savoir le jeune Yanis interprété par Liam Perron où son ton monolithique et un investissement assez faible ne convainquent guère. Bien que cela nous sorte du long métrage, ce problème, mineur, est bien vite balayé par le talent évident des deux jeunes réalisateurs.

 

 

À l’image de leur précédent film, Mehdi Mir et Grand Corps Malade utilisent les codes de la comédie pour illustrer des évènements vécus, se nourrissant de leur propre expérience et puisant dans leurs souvenirs, créant par conséquent une empathie immédiate avec le spectateur. Mais en allant plus loin que Patients, La Vie Scolaire, un peu à la manière du duo Nakache-Toledano (Intouchables, Le Sens de la Fête…), va s’attarder sur un problème sociétal plus global, à savoir la vie en banlieue et la possibilité de la jeunesse à réussir à se construire un parcours professionnel. Avec cette manière de faire, les clichés et lieux communs s’en trouvent détournés, et le regard qu’ils portent sur leurs personnages s’en trouve plus touchant, d’autant plus qu’ils ne les dépeignent pas comme des marginaux ou des victimes. Cette sincérité qui transparait à l’écran est la vraie force du film, s’autorisant quelques transitions scéniques très bien mises en scène (les deux fêtes professeurs – élèves mises en parallèle) et une bande originale aux textes percutants signée, là encore, par Grand Corps Malade.

 

Ainsi, après un coup d’essai qui s’est révélé être un coup de maître, le difficile exercice du second film incombait au tandem de réalisateurs. Si la comparaison est inévitable, et parfois en leur défaveur, il n’en reste pas moins que La Vie Scolaire est un film très plaisant, remarquablement porté par l’humanité qu’ils insufflent à leurs personnages ! Et rien que pour ça, ils méritent qu’on les suive de très près à nouveau !

 

À découvrir actuellement au cinéma Kinepolis à Saint-Julien-lès-Metz.

 

Par Kévin Beluche