Sculpteur, dessinateur et peintre, l’artiste messin Claude Goutin est décédé ce lundi 27 août à l’âge de 88 ans. Artiste reconnu, cet ancien Prix de Rome (en 1956) est l’auteur notamment de la statue de La Fayette érigée derrière le Tribunal de Grande Instance de Metz. Toute l’équipe de Metz Today loue sa gentillesse, sa discrétion et son talent immense.
En janvier 2017, nous l’avions rencontré, il nous avait ouvert son atelier situé à Montigny-lès-Metz. Découvrez l’interview que nous avions réalisé avec Samedi en 8 (anciennement Metz Today) :
En arrivant sur Metz, Claude Goutin découvre des tuileries abandonnées et des tuiles romaines mal cuites, abîmées. Les tuiles sont devenues « matières », servent à donner forme à des jambes, des cuisses, s’assemblent et font naître les premières œuvres. Toute l’Europe expose les créations signées de sa main. À Metz, il suffit d’aller du côté du jardin Boufflers, dernière le Tribunal de Grande Instance pour admirer une sculpture équestre monumentale du marquis de la Fayette. D’autres œuvres sont visibles au Musée de la Cour d’Or ou encore à l’Arsenal. Claude Goutin c’est aussi un dessinateur qui propose cette année une centaine de dessins regroupé dans un ouvrage intitulé « Combat du jour et de la nuit ».
Claude Goutin, qu’est-ce qu’un artiste pour vous ?
C’est celui qui fait le métier de création, celui de créer des œuvres, c’est celui que j’assimile au découvreur, au créateur. J’insiste bien sur la notion de métier. Il ne s’agit pas que d’un titre, c’est bien celui qui travaille de son art et qui en vit… qui en vit parfois mal. Un artiste professionnel a souvent une autre activité. J’ai été moi même professeur à l’école des Beaux Arts de Metz.
« Combat du Jour et de la Nuit », un ouvrage permettant de découvrir votre talent de dessinateur. Pouvez-vous nous expliquer cette volonté d’opposer certains éléments ?
Le titre vient de la parole de Victor Hugo qui disait en fin de vie qu’il s’agissait du passage du Jour et de la Nuit. Dans mon livre ce sont aussi la vie et la mort, ce sont des saisons, le passage d’une chose à l’autre. Le printemps c’est la jeunesse, l’été c’est l’homme mûr, l’automne c’est le passage et l’hiver c’est la mort. Tout ce qui est heureux, tout ce qui est malheureux. Le jour ce sont les plaisirs, la nuit ce sont les angoisses, les mauvais rêves. Dans mon ouvrage certains dessins illustrent les rêves, d’autres les cauchemars, parfois la jeunesse puis la vieillesse…
Quelle est votre définition du dessin ?
Le dessin c’est comme une pensée, comme une écriture qui vient tout de suite de l’esprit à la main. Je travaille comme un écrivain. Au lieu de faire des phrases je fais des formes qui racontent des choses. C’est toujours avec la préoccupation de dire quelque chose. Ce n’est pas le dessin pour le dessin. Pour moi il est essentiel que le dessin exprime quelque chose. C’est une expression autonome. Ce n’est pas une esquisse à la préparation d’une sculpture par exemple. C’est un poème qui raconte une histoire.
Les dessins que l’on trouve dans votre ouvrage ont-ils été conçus spécifiquement pour cet ouvrage ?
C’est une série que j’ai faîtes en préparation de les publier. C’est une série de dessins récents. Il a fallu ensuite les réunir pour raconter une histoire. Ce n’est pas seulement un dessin, c’est un dessin comparé à un autre avec des changements, entre le jour et la nuit par exemple.
Y a-t-il un lieu culturel qui vous tient à cœur dans la région ?
Le Musée des Beaux Arts à Nancy avec cette belle exposition en ce moment sur Émile Friant qui est lui-même Nancéien. Ici à Metz pour moi c’est l’Arsenal.
Une œuvre que vous aimeriez posséder ?
Qui n’est pas à moi ? Il n’y en a pas (rire). Une œuvre de Rodin ou un Michel-Ange.
Un artiste qui vous touche ?
Balthus. En ce moment il y a une exposition à la Villa Medicis pour fêter les « 350 ans de création ». J’ai l’honneur d’y exposer une œuvre aux cotés d’une ses œuvres.
Des projets, des envies pour 2017 ?
Rendez-vous à l’Abbayes du Prémontré à Pont-à-Mousson pour une exposition qui sera intitulée « Corps d’Argile et de Bronze et d’Encre ». À partir du 5 octobre 2017 pour une durée d’environ 2 mois.
Par Jérémy Loeung
Interview réalisée à l’époque par Séverine Groshens
