Vin sans sulfites : le retour à l’essentiel ?

Déjà en 2014, Jonathan Nossiter nous avait présenté, à travers son documentaire Résistance Naturelle, une poignée de viticulteurs du Sud de l’Italie luttant contre les standards actuels et la bien-pensance de l’époque en proposant un vin dit naturel, c’est-à-dire sans ajout d’autres éléments. Les plus célèbres d’entre eux étant bien entendu les sulfites. Le vin dans sa forme la plus pure dirons-nous. Mais en ce sens, est-ce la seule différence qui subsiste entre un vin naturel ou sans sulfites et un vin dit traditionnel ? Comment les différencier ? Voici des éléments de réponse que notre équipe Metz Vins se propose de vous apporter.

 

Il faut tout d’abord remonter plus d’un siècle en arrière, aux grandes grèves des ouvriers viticoles de 1903 et 1904 pour entendre pour la première fois parler de « vin naturel », où il était question à l’époque de produire du vin « sans fabrication artificielle ». C’est dans les années 50 qu’apparaissent les premières définitions officielles des vins naturels, essentiellement mises en place par le mouvement du même nom, dont la tête pensante et père spirituel est Jules Chauvet, négociant et chimiste à ses heures perdues dans le Beaujolais. Il s’agit de vins qui au cours de leur élaboration de la vigne à la mise en bouteille n’ont pas vu l’adjonction de soufre. Pour faire simple, un vin naturel est un vin « sans sulfites ajoutés ». Insistons bien sur le terme ajouté, car les sulfites sont naturellement présents dans le vin. En effet, lors de la fermentation du raisin, le développement des levures entraîne la formation de dioxyde de soufre, bien sûr présent en faibles quantités : le fameux sulfite. Largement utilisé dans l’industrie agroalimentaire, notamment dans les plats préparés, ce puissant antiseptique peut donner un sacré mal de tête. Cela explique potentiellement les migraines de lendemain de soirée.

 

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Qu’est-ce qu’un vin bio ?

 

Par ailleurs, même si aucune législation n’a été déposée à ce jour, l’Association des Vins Naturels nous explique qu’un vin naturel est un vin bio ou biodynamique, vinifié le plus naturellement possible. Autrement dit, rien n’est enlevé et rien n’est ajouté, ou alors à doses homéopathiques. Idéalement parlant, l’Homme ne serait même pas acteur de la conception du vin, mais un simple accompagnateur, le processus naturel de fermentation se suffisant à lui-même. Mais quel goût a un vin naturel ?

 

Car parlons maintenant de ce qui intéresse le plus les consommateurs : la dégustation. Et là, nous trouvons également de tout. Beaucoup s’accorderont à dire qu’il faut réitérer l’expérience plusieurs fois pour avoir un panel assez complet de ce que peuvent proposer les vins sans sulfites. Si vous sentez des odeurs peu ragoûtantes, comme des œufs pas frais, voire de poney ou d’écurie dans les cas les plus extrêmes, pas de panique ! Ce sont simplement des odeurs de réduction dues à un manque d’aération. En bouche, si vous sentez un effet légèrement perlant, surtout lors de la dégustation de vins blancs, il s’agit tout simplement de dioxyde de carbone ajouté par les vignerons pour protéger leurs vins. Pour éviter ces désagréments, il suffit de carafer le vin et le secouer légèrement dans le verre afin de l’oxygéner au maximum et libérer les arômes.

 

Enfin, il convient également de conserver votre vin sans sulfite à une température maximale de 15°C. Etant donné qu’il n’est pas fixé par des intrants, une température trop élevée risquerait de réactiver la fermentation.

 

À vous de jouer maintenant ! Et n’hésitez pas à partager votre expérience avec nous !

 

Œnologiquement votre,

 

Par Kévin Beluche, responsable communication Metz Vins