Creed 2 : un héritable efficacement confirmé !

« Toi, moi, n’importe qui ! Personne ne frappe aussi fort que la vie ! C’est pas d’être un bon cogneur qui compte ; c’est d’se faire cogner, et d’aller quand même de l’avant, c’est d’se faire cogner sans jamais, jamais flancher ! »

 

C’est à travers ce type d’inspirationnal speech que la saga Rocky a acquis ses lettres de noblesse et est devenu au fil du temps, une des plus belles leçons de vie que le cinéma nous ait donnée. Un homme parti de rien qui, par l’amour de sa femme, ses proches, et sa seule volonté de survie, a tutoyé les sommets sur la scène sportive. Et qui n’a jamais perdu sa grandeur d’âme, et son cœur. Valeurs fondamentales que l’on retrouve 10 ans après la conclusion Rocky Balboa à travers Creed premier du nom, formidable passage de flambeau entre l’ancienne et la nouvelle génération. Véritable succès critique et commercial, 173 millions de dollars au box-office mondial, le film centré sur le personnage d’Adonis Creed, fils du célèbre Apollo Creed, en perpétuelle quête d’identité, ne pouvait qu’entraîner un deuxième round. Retournons donc ensemble sur le ring, et place à Creed 2.

 

Ici, le scénario pousse encore plus loin les portes de la nostalgie, car Creed 2 renvoie directement à Rocky IV, en la survenance d’un personnage clé ayant marqué la saga : Ivan Drago, l’adversaire le plus redoutable de Rocky. L’athlète russe revient sur le devant de la scène en propulsant son rejeton face à Creed. Près de 25 ans après, ce sera l’occasion pour lui de revivre ses instants de gloire à travers son fils, redorer son blason, reconquérir les siens… et surtout prendre sa revanche sur Rocky, une vieille rancœur renfermant de nombreuses cicatrices encore non fermées. En soit, et ce sera le point faible du long métrage, ce scénario ne cache pas (ou peu) de surprises. La trame s’inscrira dans le registre classique des films sportifs (notamment les opus originels de la saga) et déroulera ses évènements sans éviter les pièges de la prévisibilité : Creed tombera par excès de confiance, mais par un entraînement des plus herculéens, retrouvera la foi qui l’anime pour son combat final.

 

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Les retrouvailles entre Ivan Drago et Rocky Balboa

 

Mais manque de surprise ne signifie aucunement mauvais. Loin de là. Car en faisant des conséquences de Rocky IV la colonne vertébrale de Creed 2, ce dernier s’inscrit parfaitement dans la continuité, et entraîne, à l’instar de son prédécesseur, des thèmes encore jamais exploités pour les différents personnages. Notamment pour les Drago, antagonistes de cet opus, personnages renfermant leurs blessures, leurs faiblesses, et dont la profondeur d’écriture s’éloigne des standards manichéens des adversaires du passé. Et libre à Steven Caple Jr, nouveau réalisateur à la barre, d’illustrer cet adage hitchcockien : « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ».

 

D’ailleurs, la réalisation de celui-ci, si elle ne renverse pas les codes, ne manque pas de dynamisme et de punch. Sans atteindre le réalisme et la précision de Coogler (on se souvient tous de l’incroyable combat en plan-séquence du premier Creed), Caple se permet quelques furtivités bienvenues, dont quelques plans à la première personne nous mettant directement dans la peau des boxeurs. Les combats de ces derniers sont parmi les plus impressionnants de la saga. Avec un Michael B. Jordan encre plus investi physiquement et émotionnellement, il entraînera des combats rapides et réalistes, où chacun de ses coups fera frissonner et vibrer le spectateur qui ne boudera aucunement son plaisir. Et ressortira même KO face à cet uppercut de 2h15, honorant efficacement son contrat, et rendant le plus beau des hommages à cette saga désormais légendaire. Il pourra juste faire la fine bouche face à quelques fautes de goûts mineurs, comme de mauvaises incrustations de fonds bleus lors du combat final par exemple.

 

On ne pouvait terminer cette critique sans ces quelques mots de Stallone himself, durant une vidéo prise lors du tournage : « Je pensais que c’en était fini de Rocky en 2006 avec Rocky Balboa. Et ça m’allait très bien. Et soudain, ce jeune homme (Michael B. Jordan ndlr) s’est présenté et toute l’histoire a changé. Il y a eu une nouvelle génération. De nouveaux problèmes. De nouvelles aventures. Je ne pourrais pas être plus heureux de prendre du recul, car mon histoire a été racontée, car il y a un tout nouveau monde qui s’ouvre pour ce public, cette génération. À toi de prendre la relève, désormais. » Si ses adieux à la saga ne seront pas aussi beaux et poignants que Rocky Balboa, inutile de dire que ce personnage fera une nouvelle fois couler quelques larmes à n’importe quel spectateur. Et lui entraîner surtout de profonds remerciements, pour tout l’amour et le courage que Rocky lui inspire. Pour tout ça : merci Sylvester !

 

À découvrir actuellement au cinéma Kinepolis à Saint-Julien-lès-Metz.

 

Par Kévin Beluche

 

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