Bure : le gouvernement ne veut pas d’un autre Notre-Dame-des-Landes

Jamais un village de 82 habitants n’avait autant fait parler de lui. Et pourtant le petit hameau meusien est aujourd’hui au cœur de l’actualité, avec l’évacuation par la gendarmerie des opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires.

 

Site choisi pour stocker 85 000 mètres cubes de déchets nucléaires dits « à haute activité et à longue durée de vie », le village de Bure (dans la Meuse) se retrouve au cœur d’un enjeu écologique national. Après l’abandon du projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la sécurisation et l’évacuation du site du futur centre industriel de stockage géologique (Cigéo) est désormais la priorité du gouvernement, pour éviter qu’une autre ZAD (zone à défendre) ne perdure.

 

Installés depuis l’été 2016 dans le bois Lejuc, une forêt située à l’approche des futures galeries souterraines, les opposants ont vu arriver ce matin à 6h15 la gendarmerie venue les déloger, sur décision du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc. L’opération d’envergure a mobilisé pas moins de cinq escadrons, soit 500 gendarmes mobiles. Un des occupants a été placé en garde à vue pour « acte de violence contre des agents de la force publique ».

 

Une question sensible

 

Les réactions politiques ont été nombreuses suite à l’opération de ce matin, notamment celle de Jean-Luc Mélenchon (FI) qui a déjà appelé à des rassemblements devant toutes les préfectures de France ce soir à 18h, alors que du côté des écologistes on pointe du doigt « un projet aberrant et inutile ». Pour rappel les déchets nucléaires devraient être enfouis dans le sol argileux à 500 mètres sous terre pour un coût estimé à 25 milliards d’euros.

 

Le projet d’enfouissement de Bure ne devrait pas voir le jour avant l’horizon 2030-2035, les déchets accueillis devraient selon l’ASN (Autorité de sûreté du nucléaire) posséder une durée de vie avoisinant les 100 000 ans. Après avoir été vitrifié afin d’enfermer la matière radioactive dans du verre, les déchets sont ensuite insérés dans de gros cylindres métalliques à la Hague. Ils y attendront 40 à 50 ans avant d’être suffisamment refroidis pour être acheminés à Bure, leur destination finale. 

 

Par Thibaut Goetz