Édito #3 : quand un candidat aux municipales déraille

« Il a trop joué au Monopoly quand il était enfant ! », cette phrase postée sur Twitter par Jean Rottner, président de la Région Grand Est, le 26 janvier dernier en réponse à la proposition de Benjamin Griveaux de déménager la gare de l’Est en dehors de Paris, est drôle et cruelle.

 

Mais au-delà de ce qui aurait pu être un gag de 1er avril, cette annonce illustre la surenchère écologique imbécile que se livre les candidats à l’élection municipales à Paris. Les prétendants seraient-ils en manque d’idées pour la ville lumière ? Le projet de l’ex-secrétaire d’État serait de récupérer les terrains laissés vacants par la gare de l’Est, récemment rénovée (60 M€), pour y installer un « Central Park » (comprenez un grand espace vert à la mode new-yorkaise). Rappelons à notre prétendant, originaire de Saône-et-Loire, que les bois de Boulogne et de Vincennes, à eux seuls, mesurent 5 fois la surface du parc yankee. Mais peut-être que les vocations récréatives multiples et pas toujours avouables de ces deux poumons verts de la capitale ne sauraient compter, à moins que le franchissement du périphérique ne soit une aventure impossible pour certains.

 

Outre « le pognon de dingue » que coûterait un tel projet, il serait également nécessaire de prévoir un moyen de transport reliant le nouveau terminus et le centre-ville. Une ligne ferroviaire peut-être ? À moins d’envisager la prolongation des 3 lignes de Métro et les interconnexions avec le RER qui desservent aujourd’hui la gare de l’Est, empruntée chaque année par 23 millions de voyageurs. Là, c’est Kafka et Courteline qui se sont associés pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Pourrions-nous rappeler que le célèbre « il faudrait construire les villes à la campagne, l’air y est plus sain », généralement attribué à Alphonse Allais, n’était qu’un trait d’humour ? Rappelons également à toutes fins utiles que les gares ont été construites pour justement desservir les centres-villes et qu’il s’agit là d’une différence notoire avec les aéroports.

 

Que Benjamin Griveaux ait su garder son âme d’enfant est une bonne chose en soi, mais cette fraîcheur d’esprit et cette innocence sont-elles suffisantes pour présider aux destinées de la ville capitale ? Espérons pour lui qu’avec cet épisode, il ne reste pas sur le quai loupant ainsi la station hôtel de ville.

 

Par Caton