Mauvaises herbes : la belle leçon de vie de Kheiron

On connaît le Kheiron comédien, comique et plutôt potache, à travers des one man shows en totale improvisation avec son public, ou ses apparitions dans la série à succès de Canal+ Bref. En revanche, on connaît nettement moins le Kheiron réalisateur. Celui qui délivre une nouvelle facette de sa personnalité sur pellicule, à constamment jouer les équilibristes entre émotion pure et franche rigolade. Ce fut le cas en 2015, où il avait surpris son monde avec son premier film, Nous Trois ou Rien. Sous couvert d’une retranscription d’une page de l’Histoire de l’Iran d’un point de vue politique, et d’un hymne à la différence et à l’acceptation des autres, le film était surtout une déclaration d’amour franche, sincère et on ne peut plus touchante destinée à ses parents. Véritable succès critique, le difficile exercice de repasser pour la deuxième fois derrière la caméra est de réitérer l’exploit, de convaincre encore une fois par la force de son propos et sa vision le public. C’est le cas de Mauvaises Herbes !

 

« Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs. » Victor Hugo

 

Par cette citation ouvrant le long métrage, Kheiron annonce la couleur. Son thème principal va au-delà de l’intégration : avec cette histoire d’arnaqueur au grand cœur jouant les éducateurs face à des jeunes en difficultés scolaires et/ou sociales, il pointe du doigt les jugements primitifs que l’on se fait de tout à chacun, et les difficultés de communication et non-dits rongeant nos relations. Grâce à ses méthodes peu conventionnelles, son personnage parviendra à faire dépasser à ces jeunes leur statut de « mauvaises herbes ». De transcender leur individualité, et de former une véritable unité. Si l’on peut bien sûr taxer cette fable des temps modernes d’un soupçon de naïveté et de ficelles scénaristiques assez marquées, on ne peut rester insensible face à la formidable leçon de vie imaginée par Kheiron.

 

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© Mars Films

 

Porté par un casting convaincant, tant du côté des cadors (Catherine Deneuve et André Dussolier) que des non-initiés (les jeunes, tout en justesse et sobriété), le film se permet même de s’émanciper et se démarquer de la précédente réalisation de Kheiron. En effet, là où Nous Trois ou Rien misait sur beaucoup de moyens, comptait énormément de décors, un casting international, et avait une structure de narration chronologique et donc classique, Mauvaises Herbes est beaucoup plus intimiste, et affiche une mise en scène davantage maîtrisée. Notamment les nombreux flashbacks montrant l’enfance du personnage principal ponctuent le récit, dynamisent le rythme, et font écho à la narration actuelle par un jeu de montage maîtrisé à la fin du film.

 

Loin d’être révolutionnaire et d’une folle originalité, mais diablement drôle, touchant et réussi, Mauvaises Herbes est le second essai transformé de Kheiron. Le feel good movie par excellence !
À découvrir actuellement dans les salles du Kinepolis à Saint-Julien-lès-Metz.

 

Par Kévin Beluche