Rambo Last Blood : un carnage à la sauce mexicaine !

Décidément, Sly a du mal à dire au revoir à ses icônes. Ses rôles emblématiques qui l’ont propulsé au rang de star interplanétaire aujourd’hui. Ses personnages générationnels, qui, au fil des années, connaissent une évolution et une aura particulière pour bon nombre de cinéphiles ayant grandi avec eux. Après Creed deuxième du nom, qui était censé boucler l’arc narratif de Rocky (mais la possibilité d’un nouveau projet n’est pas à exclure), c’est au tour de Rambo de connaître un ultime baroud avec Last Blood, référence direct au premier volet (First Blood), et cinquième volet de la saga. Annoncé comme la conclusion épique d’un personnage devenu, bien malgré lui, symbole d’une Amérique républicaine et conquérante (merci Rambo III…), ce (dernier ?) volet tient-il toutes ses promesses ?

 

Qu’on se le dise d’emblée : on est loin de la fin en chant de cygne qu’on était en droit d’attendre face à un personnage possédant une telle influence, à la fois au sein du cinéma d’action mais aussi dans le cœur des cinéphiles. À dire vrai, le 4e épisode, avec Stallone devant et derrière la caméra, bien que possédant une durée expéditive (une heure et demie, générique inclus), avait une fin d’une force iconique incroyable. On y voyait Rambo rentrant au ranch familial, sa tenue et sa silhouette qui s’éloigne nous évoquant instantanément les premières images de First Blood, accompagné du magistral thème musical de Jerry Goldsmith. Le héros de guerre qui décide de tourner la page, de fuir les conflits, de combattre ses démons, de mener une vie ordinaire tant bien que mal. Bref, la conclusion parfaite. À tel point qu’on se demande si ce cinquième volet était bien nécessaire ? Car loin d’avoir droit à des adieux déchirants, le film se contente de dérouler une aventure somme toute convenue, commune à bon nombre de films d’action de type revenge movie, avec des bad guys vraiment très vilains, dont la personnalité ne s’éloigne jamais des stéréotypes évoquant là encore tout un pan du cinéma d’action des années 90 (ici, les cartels mexicains). Il rejoint un peu le problème Toy Story 4 : un épisode dispensable. Mais qui est loin d’être inutile, et bien sûr pas exempt de qualités !

 

Car il ne faut pas se leurrer : la présence de Stallone à l’écriture du scénario, comme ce fut le cas pour Creed II, participe beaucoup au plaisir éprouvé lors du visionnage de ce Rambo : Last Blood ! Se concentrant sur l’efficacité de son récit, une bonne tenue du rythme et à une présentation sommaire des personnages, le film est une pure série B vintage dont les vingt dernières minutes constituent à elles seules LA raison de se ruer dans les salles. Blindant son ranch et ses souterrains secrets de pièges mortels, c’est à un véritable carnage auquel le spectateur assiste, les membres du cartel (quasi une cinquantaine) perdant tête, bras et jambes dans des effusions gore proche du cartoon ! Un pur plaisir régressif, déclenchant de nombreux éclats de rire, et à un meurtre final d’une rare violence et à la métaphore très prononcée ! Ce qui n’empêche pas l’émergence d’une pointe d’émotion. Si elle reste moins forte que le discours final de First Blood, et l’atmosphère générale de John Rambo, le twist en milieu de film a de quoi faire vaciller. Tout comme la performance de Stallone qui, comme d’habitude, porte le film sur ses larges épaules. Marqué par le temps, la vieillesse, et le fait d’avoir une charge émotionnelle et psychologique dont il n’arrive à se dépêtrer, sa prestation est nuancée, tout en justesse, jusqu’à la rage finale !

 

Rambo : Last Blood est par conséquent à conseiller à tous les afficionados de Stallone, de son personnage iconique, et plus généralement aux amoureux d’un certain cinéma d’action ayant déserté le paysage cinématographique actuel. Et pour tous ceux empreints d’un doux parfum de nostalgie, symbolisé par un générique sous forme d’images d’archives des premiers films. Reste à savoir si Stallone arrivera à dire pour de bon au revoir. Rien n’est moins sûr !

 

À découvrir actuellement au cinéma Kinepolis à Saint-Julien-lès-Metz.

 

Par Kévin Beluche