Cabaret Vert – Christian Allex : « C’est du racisme de dire qu’il y a trop de rap cette année ! »

Au nom tiré d’un poème de l’enfant du pays, Arthur Rimbaud, le Cabaret Vert revient pour sa 14ème édition du 23 au 26 août prochain à Charleville-Mézières. Le festival, à l’origine très rock, propose aujourd’hui une programmation riche et éclectique digne des plus grands. Entre têtes d’affiches et groupes locaux on aura la chance d’assister aux concerts de DJ Snake, Travis Scott, Booba, Phoenix ou encore NTM.

 

Le premier intérêt du festival n’était pas forcément la musique, nous explique son directeur artistique, Christian Allex. Le développement durable et le savoir-faire ardennais sont, depuis la première édition, l’essence du Cabaret Vert. Cette année, on pourra aussi bien se perdre dans un marché de producteurs locaux, dans un village IDéal (place centrale des échanges et conférences sur le développement durable), rencontrer des auteurs de BD ou encore se poser devant des courts-métrages. Le Cabaret Vert s’annonce comme une expérience à part entière. On a posé quelques questions à Christian Allex, directeur artistique du festival mais aussi programmateur des Eurockéennes de Belfort et du Paloma à Nîmes.

 

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Christian Allex, pouvez-vous vous présenter ? Et nous dire quel rôle vous avez au sein du festival ?

Je m’appelle Christian Allex, je suis le directeur artistique du Cabaret Vert depuis 2010, je m’occupe de la programmation du festival, mais aussi du design du site c’est-à-dire de la déco et de l’aménagement, de la communication et de la « vie virtuelle » du Cabaret Vert. J’étais également le directeur artistique des Eurockéennes de 2000 à 2011 mais je m’occupe toujours de la programmation du festival. Je travaille aussi pour la Magnifique Society à Reims, le festival Paloma à Nîmes ou encore le festival Mawazine à Rabat au Maroc où on accueille des artistes comme Bruno Mars, Martin Garrix, Jamiroquai, The Weeknd…

 

Sur la nouvelle charte graphique du Cabaret Vert, on découvre un skieur. Pourquoi ce choix osé ?

Les Ardennes est un massif montagneux mais à cause de l’érosion il est resté un petit massif au final. Charleville-Mézières aurait pu être Chamonix ! Et cette année, on axe sur la freeride music, ça veut dire qu’on cultive son look, un certain hédonisme, le lâcher-prise, son propre festival… la liberté avant toute chose. Et côté communication, on voulait cultiver la différence, jouer le décalé, l’absurde et la bonne blague… avec un skieur sur la neige en plein été.

 

Comment définiriez-vous la programmation de cette 14ème édition ?

C’est une programmation universelle, avec des artistes qui viennent du monde entier mais également des artistes locaux, avec des univers très différents, des découvertes, des shows qui s’annoncent sauvages… C’est vraiment une programmation nerveuse !

 

Certains considèrent que la programmation de cette année est très axé rap, qu’en pensez-vous ?

C’est pas vrai ! C’est du racisme de dire qu’il y a trop de rap cette année ! Tout ça parce que nous avons 4 artistes « colorés » qui font du rap, ça gêne les gens. Il y a vraiment un problème de mentalités, de mauvaises attitudes. Avec les réseaux sociaux, la fachosphère prend de l’ampleur et les gens ne parlent que de ça. Il ne faut pas oublier qu’il y a 70 artistes présents cette année pour seulement 5 artistes rap donc c’est faux de dire qu’il y a trop de rappeurs. Il y a une mutation de génération… à ses débuts, le festival était tourné très rock et c’était le truc rebelle de l’époque ; aujourd’hui c’est le rap qui est considéré comme rebelle, et ça ne plaît pas aux pseudos rockeurs de l’époque. Ils n’acceptent pas que des gens puissent écouter du rap. Mais au final on dérange et c’est ce qu’on veut !

 

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Élie Yaffa aka Booba sera au Cabaret Vert samedi 25 août © Arnaud Scherer

 

Vous avez aussi une belle programmation électro…

Oui, les gens n’en ont pas parlé… mais nous avons une super programmation électro avec l’ouverture du green floor, une nouvelle scène consacrée à l’électro en bord de Meuse où nous attendons entre 4000 et 5000 personnes. Une programmation vraiment ambitieuse avec des anciens comme la légende techno Derrick Carter ou Josh Wink et des nouveaux tel que Charlotte de Witte ou Darius.

 

Quelles sont les nouveautés du Cabaret Vert cette année ?

Nous mettrons en place un service de location de vélo pour permettre aux festivaliers de se déplacer sur le site et dans Charleville-Mézières. On fait toujours de gros efforts sur l’espace marché brut c’est-à-dire les fruits et légumes pour une alimentation saine et durable. Côté aménagement, on a complètement changé la circulation sur le site, la mise en lumière du site, on a supprimé le Temps des Cerises, il y aura un bel espace pour se poser, et l’espace BD aura son extérieur avec une terrasse pour les gens qui veulent boire un coup.

 

Un coup de cœur parmi les artistes ?

Travis Scott qui est une tête d’affiche, c’est un véritable show man, très très fort sur scène. Mais pour un programmateur, le plus important c’est l’harmonie et la cohérence de la programmation qui nous importe, c’est le b.a.-ba ! En tout cas, l’ensemble me botte bien.

 

Retrouvez toutes les informations sur : www.cabaretvert.com

 

Par Jérémy Loeung