Toy Story 4 : le film de trop ?

L’idée avait de quoi faire frémir n’importe quel nostalgique de la trilogie de nos jouets préférés ! Fer de lance emblématique du mastodonte Pixar (rappelons que le film originel fut leur premier long métrage en 1995), la saga Toy Story avait trouvé son apogée dans le troisième opus de 2009, à travers une des plus belles et fortes conclusions émotionnellement parlant, bouclant un arc narratif de près de 15 ans. L’émergence d’un 4e opus s’apparentait par conséquent à une volonté du studio de ressortir du placard ses vieux jouets pour uniquement se replonger dans la folle course aux billets verts. Logique vu le succès considérable du dernier opus ayant engrangé plus d’un milliard de dollars au box-office mondial. Est-ce donc le film de trop ?

 

Attention : contenant bon nombre d’éléments de l’intrigue du film, il est conseillé de vous mettre à jour avant de poursuivre la lecture de cet article.

 

Autant poser les bases clairement : le film est évidemment très bon, et ce sur plusieurs points ! En terme d’animation, Toy Story 4 fait partie des œuvres les plus ambitieuses du studio, tant par ses couleurs enchanteresses et lumineuses (la fête foraine) que le niveau extrême de détails (les poils du chat, les grains de poussière sur les personnages ou l’usure du temps sur le plastique constituant ces derniers). Bref, un véritable régal visuel ! En terme d’intrigue, là encore le film explore des thèmes très intéressants. Si la quête d’identité et le sens de la vie d’un jouet sont toujours les fers de lance de la saga, le curseur est tout de suite pointé sur Woody, ce dernier occupant quasiment le devant de la scène sur toute la durée, un peu à la manière du premier film. Ici, on se concentre plus particulièrement sur son mal-être, caractérisé par son manque envers Andy et le fait de ne plus trouver sa place aujourd’hui. Ses valeurs d’antan mises à mal (le bonheur D’UN enfant avant tout !), renforcées par ses retrouvailles avec la bergère (méconnaissable si on la compare avec les deux premiers films), la quête du personnage est vraiment plaisante à suivre, surtout avec un tel background connu des spectateurs au fil des années. D’ailleurs, que dire en terme de grand spectacle ? Avec cette mélancolie qui leur est chère, et comme d’habitude chez Pixar, c’est le grand huit émotionnel, où l’on peut passer du rire aux larmes en une fraction de seconde. En témoigne cette très belle scène de fin, concluant l’arc narratif de Woody, et dont l’ultime réplique peut faire vaciller n’importe quel dur à cuire !

 

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Buzz l’Éclair aux prises avec Ducky ey Bunny.

 

Il était donc par conséquent difficile de ne pas adhérer au film, le capital sympathie récolté lors des précédents opus, et la joie de retrouver ces personnages connus étant considérables ! Mais cette qualité est paradoxalement le défaut du film : car après les premières minutes, on se rend compte rapidement que ce sera un film tourné surtout autour de Woody. Comme dit plus haut, bien que la direction de cette intrigue reste très plaisante, on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine frustration. Car si on ne peut pas parler de sous-exploitation, les autres personnages feront tout de même office de faire valoir, bien loin de l’image de bande véhiculée par les deux derniers films. Même Buzz, l’éternel comparse, apparaît bien secondaire. Du film de bande du troisième, où l’arc « Andy » était conclue magistralement, on passe au film solo avec la fin de l’histoire de Woody. Emouvant certes, mais moins fort, moins parlant. D’où ce petit sentiment d’amertume, auquel on peut y déceler une légère déception. Il n’est absolument pas le film de trop, le film surestimé par la quasi-totalité de la presse, ou le film symbolique d’un certain opportunisme de la part des studios. Il est juste le film le moins bon des quatre. Et donc le plus dispensable.

 

Ce qui ne nous enlèvera aucunement le plaisir éprouvé face à son visionnage. N’hésitez donc pas à replonger, vous et vos petites têtes blondes dans la salle de cinéma la plus proche… vers l’infini et au-delà !

 

À découvrir actuellement au cinéma Le Klub à Metz Centre et Kinepolis à Saint-Julien-lès-Metz.

 

Par Kévin Beluche

 

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